La notion de tourisme vert
La notion de tourisme vert est apparue dès la fin des années 70. On parle aujourd’hui d’écotourisme, de slow tourism –“tourisme lent” en bon français-, tourisme durable j’en passe et des meilleures. Derrière tous ces synonymes, une seule définition pour ce tourisme vert : “l’ensemble des pratiques de loisirs et de voyages respectueuses de l’environnement, mais aussi de la préservation du patrimoine historique et du mode de vie des populations locales”.
Le tourisme de masse tel qu’il s’est développé ces 70 dernières années a eu un impact considérable sur les paysages, la biodiversité, le réchauffement climatique mais aussi l’emploi et le logement.
Pour construire des hôtels et des parcs de loisirs, on accapare des terres qui pourraient être consacrées à l’agriculture ou à la préservation d’espèces. Les zones forestières indispensables à la production d’oxygène sont en recul constant.
Le trafic aérien mondial est responsable à lui seul de 4,9% du réchauffement climatique en raison de ses émission de CO2.
L’impact du tourisme sur les infrastructures
La concentration de touristes dans un même endroit finit par dégrader durablement des monuments plusieurs fois centenaires. A ce titre, l’exemple le plus marquant est probablement Venise. La ville et ses 55 000 habitants accueillent chaque année plus de 30 millions de touristes. Résultat : les fondations sont fragilisées et la cité flottante s’enfonce inexorablement dans la lagune.
Dans les grandes villes, la multiplication des logements touristiques entraîne une hausse des prix de l’immobilier forçant les habitants à délaisser les centres villes au profit des périphéries.
Et cette concentration touristique n’est pas prête de décroitre quand on sait que 2/3 des jeunes (18-34ans) choisissent leurs vacances en fonction d’instagram… cet été certains sites se sont retrouvés pris d’assaut.
Une influence qui pourrait d’ailleurs servir le tourisme vert si il utilisait bien les codes du réseau aux 2 milliards de followers ! C’est donc dans ce contexte que se développent partout dans le monde des projets qui visent à limiter l’impact global du tourisme de masse.
LE SLOW TOURISM
Le slow tourism / tourisme lent est peut-être la plus représentative -mais aussi la plus radicale-. Comme son nom l’indique, le tourisme lent invite à prendre son temps. L’idée est de valoriser la qualité des expériences plutôt que la quantité des activités.
- On privilégie des modes de transports lents ayant peu d’impact sur l’environnement. Le cyclotourisme et la randonnée à pied connaissent à ce sujet un succès impressionnant. Les vacances fluviales elles aussi ont le vent en poupe : randonnée en canoë, location de petits bateaux habitables etc.
- On loge chez l’habitant pour favoriser les rencontres. Il est aussi possible de loger gratuitement à la ferme en échange d’un coup de main sur les tâches agricoles. C’est ce qu’on appelle le Wwoofing. Il y a environ 2 200 fermes bio en France qui accueillent des vacanciers pour un séjour basé sur le partage et la découverte.
- On consomme les produits du coin : en privilégiant les circuits courts, les touristes découvrent les spécialités et participent à l’économie locale. Pour cela, on peut se fier au label « marché de producteurs » ainsi qu’aux réseaux d’agriculteurs « bienvenue à la ferme ».
Beaucoup de professionnels qui cherchent à donner une image responsable alors que leur démarche écologique est finalement très limitée. Ces professionnels utilisent une technique de marketing dans le but de se donner une image écologique trompeuse (le “greenwashing”).
Sous quel forme l’écotourisme existe-t-il?
On retrouve aujourd’hui des dizaines et des dizaines de labels écologiques, chacun avec des exigences différentes et des méthodes de contrôle plus ou moins sérieuses.
De son côté, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a fait le tri parmi tous ces labels et en recommande deux en particulier concernant les hébergements verts.
- L’Ecolabel européen est délivré aux hôtels, aux gîtes, aux campings et même aux villages vacances ! Pour l’obtenir, les candidats doivent répondre à certains critères comme la réduction de la consommation d’eau, la limitation du gaspillage alimentaire, le tri des déchets, choisir des sources d’énergies renouvelables etc. Et des contrôles ont lieu tous les deux ans. Environ 200 établissements sont labelisés.
- Le label danois La Clef verte s’adresse non seulement aux hébergements mais aussi aux restaurants. Les bénéficiaires doivent prouver au jury indépendant composés d’experts de l’environnement et du développement durable qu’ils s’engagent pour limiter l’impact du tourisme. Il y a évidemment des critères de sobriété énergétique et de limitation du gaspillage comme pour l’Écolabel. Viennent s’ajouter des critères de préservation de la faune et de la flore, participer à la conservation du patrimoine culturel et naturel et promouvoir des activités responsables.
Le tourisme vert passe effectivement par une réduction des voyages en avion. L’idée n’est pas de l’abandonner mais de le prendre moins fréquemment : autant voyager moins mais plus loin et plus longtemps. Cela signifie que pour des trajets dans l’hexagone voire en Europe, on privilégie le train même si celui-ci est souvent plus cher.Carte abonnement
Sachez qu’il existe une carte d’abonnement qui permet de voyager dans 33 pays d’Europe via le train. L’idée est de se déplacer de manière quasiment illimitée sur une période que vous choisissez, généralement de 1 à 3 mois. Ça s’appelle le pass interrail et ça coûte entre 200 et 400€ par personne (formule qui fête ses 50 ans…).
Pour en revenir aux voyages à l’étranger, certains tours opérateurs se sont spécialisés dans les offres écologiques avec plus ou moins de sincérité… Pour identifier les plus sérieux, je vous recommande de vous fier aux labels de l’ATR -Agir pour le tourisme responsable– ou bien l’ATES -Association pour le tourisme équitable et solidaire-. Les bénéficiaires sont sélectionnés en fonction de leur engagement auprès des producteurs locaux, le respect des traditions de la culture sur place etc.
Curieusement, je n’ai trouvé aucune étude comparative sur les tarifs des logements traditionnels d’un côté et labélisés de l’autre. Si le prix est évidemment une contrainte pour beaucoup de touristes, sachez toutefois que 44% des consommateurs Français se disent prêts à payer plus cher pour des vacances responsables selon un sondage de 2021.
Autre élément de réponse : on trouve toutes les gammes de prix parmi les établissements labélisés : ça va du camping au palace en passant par l’hôtel familial. En d’autres termes, il y en a pour toutes les bourses.
Retrouvez l’intervention de Rodolphe Bonnasse dans l’émission William A Midi sur C8 concernant le tourisme vert.