Des produits vendus en magasins contiennent des ingrédients interdits en France, c’est ce que nous explique aujourd’hui Rodolphe Bonnasse, spécialiste de la consommation et de la grande distribution, dans la chronique “Votre Conso”.

William à Midi 

22/01/25

Pour identifier les ingrédients illégaux, l’équipe de la rédaction a soumis trois produits achetés dans la capitale à une nutritionniste.

• Premier produit : des céréales de petit-déjeuner destinées aux enfants. La liste d’ingrédients révèle plusieurs colorants comme le rouge tartrasine, le bleu et le jaune, qui peuvent provoquer de l’hyperactivité et des troubles de la tension chez les enfants. Normalement, une mention obligatoire doit figurer sur l’emballage, mais ce n’était pas le cas ici.
• Deuxième produit : un condiment à base de concombre contenant du sulfate d’aluminium, un stabilisant et conservateur réglementé en Europe, qui peut provoquer des troubles rénaux et neurologiques.
• Troisième produit : un soda aromatisé à la pêche contenant deux colorants, dont l’un est classé comme probablement cancérogène. Consommer deux ou trois de ces boissons par jour dépasserait le seuil conseillé par les autorisés.

E171 : Le colorant fantôme qui Menace votre santé

Une enquête menée par Marianne révèle que des sodas, des bonbons et des céréales sont vendus en boutique alors même qu’ils contiennent des ingrédients interdits à la commercialisation par la réglementation française. Ce sont principalement les additifs alimentaires qui sont concernés. Ces additifs, facilement reconnaissables par leurs noms : E171 ou encore E520, servent à donner de la texture et de la couleur à nos aliments. Ils peuvent aussi servir comme conservateurs.

Certains additifs ont été testés scientifiquement en laboratoire, pour prouver leur dangerosité. Ils se sont retrouvés interdits en France et même d’Europe. Mais restent encore autorisés aux Etats-Unis. C’est le cas notamment du dioxyde de titane mieux connu sous l’appellation E171. Il s’agit d’un colorant blanc extrêmement répandu. Lors de son interdiction en 2020, on le retrouvait absolument partout : dans les bonbons, les dentifrices et même dans les pâtisseries artisanales.

De nombreuses études ont démontré le caractère cancérogène de ce colorant, raison de son interdiction d’utilisation en Europe dans les produits alimentaires. Or, on retrouve du dioxyde de titane et autres additifs chimiques interdits dans ces mêmes bonbons, boissons sucrées ou céréales pour enfants importés d’Amérique du Nord et vendus dans des boutiques spécialisées.

D’autres Additifs Problématiques

La réglementation sur les additifs est très complexe. Le dioxyde de titane, interdit dans l’alimentaire reste autorisé dans les produits pharmaceutiques : médicaments, dentifrice, etc. 

L’érythrosine ou E127 est un colorant alimentaire rouge autorisé uniquement pour colorer les cerises (ex : cerises confites, cakes aux cerises). On le suspecte lui aussi d’être cancérogène. Or, on le retrouve dans de plus en plus de bonbons japonais de la marque Seiki dont les bonbons rouges contiennent de l’érythrosine, rendant ainsi ces produits illégaux et donc interdit à la commercialisation en France.

Les pesticides

Les pesticides représentent également un fléau parmi les substances indésirables. La réglementation européenne est restrictive vis-à-vis des produits phytosanitaires, mais ce n’est pas le cas pour d’autres pays qui exportent vers la France. Pourtant, s’ils ne remplissent pas les critères légaux, ces produits importés ne devraient pas se trouver dans nos rayons.

Les équipes de l’émission « Vert de rage » ont démontré la présence de pesticides dans des fruits et légumes vendus en grande surface.

• Des pomelos venus de Chine contenaient deux molécules toxiques pour la reproduction.
• Des raisins importés du Pérou contenaient eux aussi des résidus de deux pesticides interdits en Europe : l’un responsable de la diminution des pollinisateurs, l’autre reconnu comme irritant et toxique pour l’humain.

Mais il n’y a pas que les fruits et légumes qui sont concernés : le thé, le café et plein d’autres denrées…

Comment ces produits passent-ils encore entre les mailles du filet ?

Les produits arrivent par des points d’entrée situés dans d’autres pays de l’UE. Malgré le nombre restreint de points de vente, les autorités ne sous-estiment pas l’ampleur de la fraude. Dans une affaire récente, un grossiste en ‘Île-de-France a entreposé 17 tonnes de produits non conformes. Selon les douanes, plus d’un million de produits auraient été importés illégalement en France depuis 2021.

Retour sur : La pâte à tartiner El Morjene

Cette pâte à tartiner a connu un succès phénoménal grâce aux réseaux sociaux et TikTok.

Mais n’est plus disponible à la vente. Selon les autorités, plusieurs raisons à cela : l’Algérie ne dispose pas d’établissements agréés pour transformer et exporter des produits alimentaires contenant du lait à destination de l’Europe. Et effectivement, la pâte à tartiner contient 12% de poudre de lait. De plus, l’affichage nutritionnel ne correspond pas aux standards européens. L’institut national de la consommation souligne que l’étiquette présente sur l’emballage ne mentionne pas la présence de graisses saturées.

Comment être sûr de ce qu’on achète ?

Pour être sûr de ce qu’on achète, il est conseillé de privilégier le made in France. Vous êtes certains que les substances interdites par la loi française ne s’y retrouvent pas dedans. Pensez à vérifier la composition des aliments que vous achetez. Ce n’est pas toujours simple de décrypter les étiquettes, mais vous pouvez utiliser des applications : Yuka ou encore Quel Produit vous aident à décrypter la composition des aliments que vous achetez.