Les enjeux de Totalenergies
Total est une société qui doit faire une mutation industrielle intégrale : 25 ans est un laps de temps très court pour une entreprise de cette envergure; c’est comme si c’était demain pour nous.
En 2050 : total n’aura plus que 15% de son chiffre d’affaires dédié dans le domaine du pétrole
Rodolphe Bonnasse : « On est dans un des fleurons de l’industrie française : 19 milliards d’euros de profits pour une société de cette taille, mondialement connue. Total est un très grand leader et finalement on voit une affection ou une désaffection quelque part d’une partie finalement de la population ; sur un des fleurons il y a là une confrontation entre une part j’allais dire économique du poids total et la part de cœur de Total qui fait partie de notre quotidien et malheureusement qui est en pleine en pleine souffrance et ça c’est difficile à réconcilier. »
Le grand thème qui domine les politiques européennes est la gouvernance durable des entreprises avec les directives récentes. Il est aujourd’hui nécessaire de placer les questions climatiques au centre des débats. Cela pose une question passionnante sur les buts de l’entreprise et plus simplement la maximisation des profits.
Aujourd’hui il faut concilier plusieurs éléments : à la fois un cœur de métier et ensuite une mutation : il faut assurer l’équilibre des finances maintenir l’état social et faire des investissements pour le futur.
Rodolphe Bonnasse : « Il va falloir réhabiliter le projet d’une marque comme Total énergie pour dire c’est aussi un projet citoyen »
Le modèle de gouvernance des assemblées générales fonctionne-t-il?
Rodolphe Bonnasse : « La démocratie en entreprise dans ses fonctionnements est absolument respectée et fonctionne très bien. Néanmoins elle n’est pas épargnée par les évolutions de la société c’est-à-dire qu’aujourd’hui notre société particulièrement pour les entreprises le capital de marque d’une entreprise c’est aussi sa capacité à fédérer des communautés qui vont bien au-delà des actionnaires. Ces communautés fabriquent de la valeur c’est-à-dire que finalement aujourd’hui vous achetez des produits plus pour adhérer à une cause plutôt que d’acheter un produit pour son usage.
Les jeunes générations sont extrêmement sensibles, pas toujours finalement sur les mêmes. Ils ont des buts précis se disant j’ai décidé d’adhérer à cette logique. »
Vers une réindustrialisation française ?
L’ouverture de la première giga Factory de batteries électriques au nord de la France est est-elle un symbole de la réindustrialisation du pays ?
L’ouverture de cette usine a nécessité des investissements de plusieurs milliards et permet la création de centaines voire de milliers d’emplois directs et indirects. Si on observe la situation de l’industrie en France : nous n’avons pas retrouvé une base industrielle significative. En effet, la production retrouve le niveau de 2015 en volume.
L’industrie ne représente que 9% de l’emploi total
La question de réindustrialisation doit s’articuler au niveau national mais aussi au niveau européen. Nous sommes dans une situation d’urgence, il faut se remettre en mouvement. Les décisions dans les années 1980 sont désastreuses car on considérait que l’industrie était un monde du passé.
L’Europe doit se réintéresser à la chimie, au monde de la santé et à la robotique. Ces domaines vont nécessiter des investissements absolument colossaux qui devront être traités au niveau européen.
Nous observons aujourd’hui dans les Haut de France une mutation spectaculaire avec de nombreux projets. Cette région sait attirer les investisseurs avec des projets solides autour de projet de santé, de formations, des infrastructures et de la connectivité.
Rodolphe Bonnasse : « On a été capable au niveau européen de faire Airbus, succès mondial qui dure qui continue. Il faut s’attaquer à des grandes branches industrielles avec ce même type d’ambition. L’enjeu industriel est d’être capable de fabriquer l’offre parce qu’on a aussi la demande. C’est assez extraordinaire car l’Europe est en mesure de fabriquer finalement les produits qu’elle est capable de se vendre à elle-même. »