Retrouvez Rodolphe Bonnasse tous les mercredis sur le plateau de C8 dans l’émission « WILLIAM À MIDI ». Au programme : Depuis les premiers confinements, les livraisons à domicile par l’intermédiaire d’internet ont vraiment explosé. Les livraisons ont été améliorées, on parle maintenant de courses livrées à la maison en moins de 15 minutes. Comment y arrivent-ils ? Est-ce que c’est efficace ?
Les acteurs de ce secteur sont des jeunes sociétés de l’économie numérique. Ce qu’on appelle des start up. Elles n’ont pas vraiment pignon sur rue : elles utilisent internet et les appications pour téléphone pour attirer les clients potentiels. On dénombre aujourd’hui une douzaine d’acteurs avec des offres assez différentes.
Vous avez d’abord les offres de dépannage qui livrent une poignée d’articles dans un délais très court : 10 à 15 minutes selon les applications. Imaginons qu’il vous manque un ingrédient pour réaliser une recette ou bien que vous ayez oublié le papier toilette lors de votre précédent plein de courses au supermarché. Dans ce cas, vous achetez ce qu’il vous manque via l’application et le tour est joué. Il s’agit là l’articles de base et le choix est restreint : entre 1 000 et 2 000 références seulement. Pour cette offre, les acteurs se nomment Gorillas, Dija ou encore Flink.
Vous avez ensuite des offres plus qualitatives. On y trouve des produits hauts de gamme et même des produits frais. Ces applications-là se fournissent chez les commerçants locaux et même sur les marchés de gros comme Rungis. Les prix sont élevés bien sûr et le délai de livraison peut aller jusqu’à une heure, ce qui reste malgré tout très rapide ! Pour des produits frais, il faut faire appel à des applications comme monmarché.fr, epicery et le bien connu Frichti.
Les applications parviennent-elles à tenir des délais de livraison aussi courts ?
Des livraisons de courses en moins d’une heure, c’est complètement inédit. Vous vous imaginez bien que pour tenir des délais pareils, il faut une organisation millimétrée. Leur succès repose sur cette promesse d’immédiateté.
Le défi, c’est de couvrir efficacement une zone géographique. Alors ces start up ont ouvert des supermarchés sans clients (“dark stores”) dans lesquels sont entreposés les articles vendus sur le site. La stratégie consiste à multiplier ces entrepôts en ville pour limiter les distances de livraison.
Pour les services de dépannage comme nous avons vu dans le reportage, les prix sont globalement plus avantageux que dans les superettes de proximité entre 7% moins cher . Alors bien sûr, il faut ajouter le prix de la livraison au total de la facture. Il faut compter en moyenne 2€ de plus sur le ticket final pour la livraison rapide. Certaines appli proposent également des abonnements de 4€ par mois pour un nombre de livraisons rapides illimitées.
Comment parviennent-ils à proposer des tarifs aussi avantageux ?
Tout simplement en acceptant de réduire leurs marges ! En d’autres termes: ils font moins de bénéfices qu’un supermarché de quartier. Et surtout ils n’ont pas les mêmes charges, Qui dit emplacement de proximité pour un commerçant qui a une vitrine « sur rue » dit loyer urbain très onéreux, mobilier de mise en scène, chauffage, éclairage etc…
Le modèle économique reste un peu un mystère parce que les coûts de fonctionnement sont importants malgré tout ! Ces sociétés doivent payer des loyers commerciaux en centres villes pour leurs entrepôts, c’est une première dépense importante.
Une autre dépense, ce sont évidemment les salaires puisque la particularité de ces applications, c’est que généralement les livreurs ont des contrats de travail et perçoivent un salaire fixe à la fin du mois !
Les vélos électriques et l’équipement sont également fournis par l’employeur en règle générale. Quand vous payez 2€ la livraison, le vrai coût se situe plutôt autour de 5 à 10€ la course !
Il faut souligner que la plupart des acteurs proposent des bons d’achat si les délais de livraison ne sont pas respectés ! Ces start up se montrent par ailleurs très agressives sur les promotions. Ce qui est toujours bon à savoir pour les consommateurs…
La conséquence de ce modèle économique, c’est que ce n’est pas rentable pour l’instant. Les sociétés de la livraison ultra rapides tournent à perte et survivent grâce à des investissements qui se comptent en centaines de millions d’euros. Il leur manque un volume d’activité suffisant. Pour l’instant, les acteurs sont trop nombreux pour dégager des marges satisfaisantes. Seuls ceux qui convaincrons et fidéliserons le plus de consommateurs ont un avenir. C’est pourquoi les prix sont si attractifs et que les promotions sont aussi nombreuses.