Des pizzas surgelées, des fromages industriels, des chocolats pour enfants : Le point commun de tous ces produits de grande consommation, c’est qu’ils sont à l’origine de graves intoxications alimentaires. Il existe pourtant des procédures pour assurer la sécurité du consommateur.
Que se passe-t-il exactement avec les produits alimentaires ?
Trois familles de produits de grande consommation ont été rappelés par les fabricants depuis un mois environ. Tout a commencé avec des pizzas surgelées de la marque Buitoni. 58 personnes ont été contaminées par la bactérie Eschrichia coli, un organisme vivant dans le tube digestif des mamifères et provoquant des cas d’insuffisance rénale très graves. Deux enfants sont décédés. A l’heure actuelle, la production de pizzas dans l’usine de Caudry dans le Nord a été suspendue et une enquête a été ouverte pour “homicide involontaire”, “tromperie” et “mise en danger de la vie d’autrui”
Puis, ça a été le tour des oeufs en chocolats Kinder contaminés par des salmonelles, des bactéries que l’on trouve là encore dans le tube digestif. A ce jour 105 personnes en Europe dont 21 en France souffrent de troubles gatro-intestinaux après avoir consommé ces friandises. Les autorités ont remonté la piste jusqu’à l’usine d’Arlon en Belgique désormais à l’arrêt pour les besoins de l’enquête.
Enfin, ce sont des romages frais de deux marques du groupe Lactalis : Grain d’Orge et Normanville qui ont été rappelés. Cette fois-ci les produits sont contaminés par la listeria, une autre bactérie qui provoque fièvre, de maux de tête et de troubles digestifs. Mais des formes plus graves peuvent se développer et aboutir à des troubles neurologiques comme la méningite. En tout, ce sont près de 24 000 fromages qui ont été rappelés.
Qu’est-ce que ça signifie exactement quand vous dites que les produits ont été « rappelés » ?
Le rappel de produits, c’est une procédure pour assurer la sécurité des consommateurs. Il intervient lorsqu’un fabricant de produits constate une anomalie susceptible d’entraver le bon fonctionnement du produit ou bien de porter atteinte à la santé des consommateurs. C’est la responsabilité du fabricant d’informer ses clients et de les inviter à jeter les produits concernés ou bien à les rapporter à l’endroit où il les ont achetés. En général, les produits sont remboursés ou des bons d’achats sont proposés en échange.
Lorsque le fabricant procède à un rappel de produit, il doit impérativement en informer la DGCCRF, c’est-à-dire la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. C’est cet organisme d’Etat qui va dans un premier temps faire circuler l’information sur le site internet et dans les médias. Dans un second temps, la DGCCRF va procéder aux contrôles des lots et pousser plus loin des investigations jusqu’à l’usine où ont été produits les articles concernés.
En 1950, on recensait 15 000 morts d’infection alimentaire par an en France, ce chiffre est tombé à 450 de nos jours, selon le ministère de la Santé, dont la moitié serait liée au non-respect des dates limites de consommation dans les frigidaires des foyers. Reste que le risque zéro n’existe pas même si les contrôles et les inspections se multipliaient, car l’industrie alimentaire est confrontée à l’usage de produits vivants. Ces crises sanitaires peuvent donc se transformer en crises de confiance véritables catastrophes industrielles… Pour Ferrero France, qui réalise 10 % de ses ventes lors de la semaine de Pâques, c’est un très gros coup dur commercial.
Quelles sont les raisons pour lesquelles des produits alimentaires sont rappelés ?
On identifie trois grandes causes de rappels pour les produits alimentaires.INFOG
Les risques microbiologiques : ce sont typiquement les exemples que je vous ai donné en début de chronique : salmonellose, listeriose et bactérie E. Coli. Les bactéries responsables de ces contaminations peuvent facilement se retrouver dans une usines alimentaires puisqu’elles sont naturellement présentes chez les animaux, dans leur tubes digestives. Mais elles peuvent très bien se répandre si des mesures d’hygiène très strictes ne sont pas respectées. Dans ce cas, c’est une faute grave de la part du producteur.
Les contaminations chimiques : c’est lorsqu’un produit chimique se retrouve dans les lots. C’est généralement des additifs utilisés dans la fabrication qui se retrouvent par erreur en trop grande quantité les rendant donc dangereux. Peut-être vous rappelez-vous de la vaste contamination à l’oxyde d’éthylène à l’été 2021. Il s’agit d’un stabilisant utilisé dans la fabrication de crèmes glacées. Sa dangerosité est déjà bien documentée : il est cancérogène, mutagène et reprotoxique.
La présence de corps étranger dans des emballages alimentaires fait souvent la Une de la presse régionale : une grenouille dans un sachet de salade, un boulon dans un boîte de conserve, un éclat de verre dans une compote : là encore, la contamination a lieu à l’usine ! Il suffit qu’un boulon se dévisse sur une chaîne de production ou qu’un flacon en verre soit cassé pour que tout le lot soit contaminé. L’autre cas, c’est quand des animaux se retrouvent au coeur même de l’usine. Ce n’est généralement pas très bon signe quand à l’état d’hygiène du lieu de production…